« Mon fils, quand tu liras ces mots, je ne serais sans doute plus de ce monde. Ne m'en veux pas. Je suis faible, lâche. Presque trop. Je n'ai jamais put te protéger, c'est trop difficile pour moi. Serais-je une mauvaise mère ? C'est à toi de me juger comme tu le désires, je ne veux pas que tu ais des regrets. Sache que tu es mon fils et que jamais je ne t'abandonnerais, mon corps n'est certes plus là mais mon âme restera à jamais à tes côtés... Mon fils, soit fort, deviens ce que je n'ai jamais pût être par lâcheté. Soit ma force, et vit. Deviens quelqu'un d'incroyable et surprend le monde entier. Tu en es capable, parce que tu es mon fils. Je t'aime plus que tout. Eomma. »

Il relisait encore une fois, une dernière fois cette lettre. Un simple bout de papier que lui avait légué sa mère. Il ne l'a su qu'un certain temps après qu'elle soit partie. Il s'en veut tellement de lui en avoir voulu, mais il avait compris qu'il devait être fort et ne pas céder aux caprices de la vie. Ne serait-ce que pour elle. Il pleurait encore. Comme bien souvent. Chaque mot le touchait au plus profond de lui même, et seul dieu sait à quel point il en est détruit. Il se sent d'ailleurs toujours comme un lourd fardeau. Il fermait peut à peut les yeux en soufflant une dernière fois les derniers mots de sa chère mère... Rédigée en anglais, mais avec cette faute de coréen dans la signature. Elle signait toujours ses petits mots avec les hangueuls de "mère" ... il y faisait toujours une faute, mais certes, il la connaissait par cœur. Il la serrait inconsciemment contre lui, les larmes continuant de couler durant son sommeil.

Lentement, il se laissait glisser contre les draps. Il avait encore dormi très peu, trop peu peut-être bien. Une heure ? Deux heures ? Peut-être bien moins. Et il entendait vaguement son portable sonner. Il se redressa au bout d'une vingtaine de minutes, se grattait alors l'arrière de la tête en plissant les paupières, tentant de se réveiller doucement, bien que très perturbé par les rayons du soleil un peu trop lumineux à son goût. Il soupira et s'étira comme le ferait un chat avant de se saisir du téléphone portable pour regarder le nom qui s'y était inscrit. Il arqua un sourcil, il était vraiment tôt dans la matinée et déjà son meilleur ami cherchait à l’appeler ? Ce n’était pas son genre, enfin, pas si tôt. Il se leva donc et croisa son regard dans le miroir avant de soupirer. Il porta ses doigts sur une petite peluche en forme de souris jaune, puis sur une autre peluche, plus simple. Il les fixa un petit moment, il ne pouvait pas dormir sans et il attendait toujours la lueur du jour pour s’endormir. En effet, il avait peur du noir mais par-dessus tout de la solitude.

Le téléphone vibra de nouveau avant d’entendre la sonnerie de son loft résonner dans ses oreilles. Encore Jaewon ? Il se leva donc et doucement, il prit la direction de la porte d’entrée, en oubliant même sa tenue de nuit, un simple boxer noir moulant. En effet, le jeune coréano-américain ne peut pas se résoudre à dormir vêtu, quelles qu’en soit ses raisons. Il n’aimait pas ça et s’il restait vêtu il aurait beaucoup de difficulté à trouver le sommeil et si c’était le cas, il serait plutôt mal à l’aise… Déjà qu’il dormait peu, autant qu’il dorme bien. Lentement, il trainait les pieds pour aller ouvrir cette porte, se grattant par un automatisme l’arrière de la tête, encore une fois. Les yeux encore fatigués, il ne prit même pas la peine de regarder par le judas et finalement il ouvrit la porte, même pas fermée à clefs. Jaewon, comme il s’y attendait un peu.

« ... Jaewon ? Ca ne va pas … ? Il est neuf heures du matin… » Souffla-t-il après un long moment de réflexion, vraiment encore endormi. Il lui fit ensuite signe d’entrer, se reculant pour le laisser passer et refermer la porte derrière lui. Ce n’était que Jaewon, il l’avait déjà vu dans cette tenue un bon nombre de fois … Et puis plus jeunes ils prenaient des bains ensembles, ça il s’en rappelait encore. Enfin, bref. Il le fit s’installer dans le salon et il s’asseyait à côté de lui en lui tendant une petite bouteille de lait à la saveur de la banane tandis qu’il ouvrait déjà une canette de coca-cola. « Aigoo, en plus tu as les clefs… T’es pas obligé de sonner… Vraiment… » Soupirait-il donc en baissant un peu la tête. Il frissonna un moment pour se rappeler de sa tenue légère. Il sourit un instant avant d’aller se vêtir un peu plus, enfilant un débardeur blanc avec un col en V assez plongeant et un jean slim noir et délavé. Il ouvrit ensuite la fenêtre pour y faire entrer un peu d’air frais.

« Sinon, tu vas bien...? Et ta mère ? » Il se tourna encore vers lui, restant près de la fenêtre en passant ses mains dans ses cheveux pour les arranger un peu, prenant un peu le soleil en pleine face pour se réveiller une bonne fois pour toute. Jaewon avait toujours eut un visage qui l’apaisait. Rien que le fait de le voir le rendait plus aimable et surtout le rendait très attentionné pour le plus jeune. Il a toujours eut cette obsession, ouais carrément, de le protéger. Il penserait même d’ailleurs plus au plus jeune qu’à lui-même, il a toujours besoin de se soucier de lui, de ce qu’il pense, et de ce dont il avait envie. C’est même le seul à le connaître parfaitement tel qu’il est, il connait aussi tout ce qu’il peut ressentir, quand il ne va pas bien, il le sait, c’est comme ça. Il connait par cœur ses réactions et saurait parfaitement le manipuler. Quelque chose qu’au fond effraie le plus vieux, complètement impuissant par rapport à ça. Il sait aussi que le petit coréen n’est pas quelqu’un de méchant et encore moins envers lui, et qu’il n’a donc pas à s’en faire. Jaden sait aussi pour ses sentiments envers lui, il n’a jamais voulu le repousser ou quoi que ce soit, c’est juste qu’il a peur de s’attacher et de le décevoir, c’est surtout ça. Et puis, ça l’amuse, cette jalousie maladive qu’il a développé avec le temps et puis. C’est mieux ainsi, ne compliquons pas les choses, même si Jaden est aussi une personne extrêmement lunatique et qu’il est capable de changer d’avis aussi rapidement que de chemise…

« Tu m'as manqué…Terriblement... » soufflait-il entre deux souffles, brisant par la même occasion un silence. Il s'approcha du canapé et s'essaya une fois de plus à ses côtés. Il passa doucement ses bras autour de son cou et le tira vers lui pour le câliner un peu. « ... Ne, tu vas toujours me faire confiance et jamais m'abandonner ? ... Quoi qu'il arrive ...? » dit-il alors doucement avant de le desserrer un peu son étreinte tout en le gardant contre lui, laissant son souffle se perdre au milieu de son cou. Il y avait longtemps qu'il ne l'avait pas pris dans ses bras. Ça lui faisait tellement de bien.

« Tu parles beaucoup de lui, et à chaque fois que tu prononces son nom, ta voix est nostalgique, ca laisse un peu de place au doute... Je crois que tu aimes cet homme et que ca te fiche une peur bleue. »

Comme chaque matin, la sonnerie de son réveil retentissait et c’est sans difficulté qu’il l’éteignait. Toujours debout à 7h. Il ne savait pas faire de grasse matinée, une perte de temps selon lui. Pourtant aujourd’hui quelque chose allait changer. Il avait décidé de ne pas se rendre à l’école. De prendre une journée de répit loin de tout. De toute façon, les cours de sa journée, il les connaissait déjà. Toujours plus avancé que les autres, sa mémoire était un atout, mais lui causait aussi de nombreux problèmes. Il se souvenait tout aussi bien des bons que des mauvais souvenirs et parfois il priait pour oublier les pires moments. Sans grand succès.
Sa première pensée, à peine les yeux ouverts fut pour cette personne. Il hantait ses jours et ses nuits, sans arrêt, sans lui laisser le temps de souffler un peu. Jaewon ne s’en plaignait pas tellement, ce garçon était tout ce qui lui importait dans la vie.
Honnêtement, il ne savait pas ce qui était le plus douloureux. Etre proche de lui et enfouir ses sentiments, ou passer le plus de temps possible très loin. Aucune de ces solutions ne lui convenait réellement. Il savait très bien qu’il ne pourrait pas vivre sans lui, que s’il venait à disparaître de sa vie, il ne s’en remettrait jamais, pourtant il persistait à fuir en n’assumant pas entièrement ses sentiments amoureux. Il préférait rester à ses côtés et le voir avec d’autres plutôt que de prendre le risque de le dégoûter.

Depuis que Jaden avait déménagé, il trouvait cet appartement bien vide. Sa mère ne s’y trouvait presque jamais, trop occupée à travailler pour lui permettre d’avoir un style de vie des plus corrects. Oui le petit roux se sentait souvent coupable. Il la savait fatiguée et ne pouvait rien faire pour l’aider.
C’est sans énergie qu’il sortit de ses couvertures bien chaudes dans une tenue qu’il osait appelé pyjama. Un T-shirt beaucoup trop grand qu’il avait piqué à son meilleur ami quand il vivait encore avec lui et un caleçon. Prendre une douche le matin relevait d’un exploit pour lui, mais aujourd’hui, il avait prévu de se faire beau. L’adolescent retira ses vêtements pour se glisser sous l’eau chaude qui lui brûlait presque la peau.
Une fois tout propre, il enfila un boxer, un jean troué qui laissait entrevoir ses cuisses et un pull aux manches trop longues.
Jae paraissait timide à première vue mais ses vêtements montraient le contraire.

Il téléphonait toujours avant de débarquer chez son aîné. Il avait les clés, mais n’osait pas venir sans prévenir. De son point de vue ce n’était pas très polie et il était tout aussi terrifié à l’idée de tomber. Il se sécha rapidement les cheveux pour ne pas tomber malade à cause de sa santé fragile, un simple rhume lui faisait l’effet d’une grosse grippe et il détestait ça.
Le rouquin resta de longues minutes devant son miroir pour vérifier que tout était parfait. Un petit coup de parfum et il était enfin prêt. Il enfila sa veste puis ses baskets avant de sortir en prenant le soin de bien fermer la porte à clé.
Il sortit son portable de sa poche et composa le numéro de son meilleur ami. Aucune réponse. Le temps d’appeler il se retrouva déjà devant sa porte. Il retenta sa chance et sonna au passage. S’il n’était pas là tant pis, il devrait se résigner à se rendre à l’école.
Heureusement pour son plus grand bonheur la porte s’ouvrit et il sentit ses joues rosir en voyant la tenue légère de son ami. Très légère. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait aussi peu vêtu, mais ça lui faisait toujours le même effet à chaque fois que son regard se posait sur son torse nu, détaillant chacun de ses traits. Plus le temps passait et plus il le trouvait beau.

Jaewon revint sur terre et lui sourit, légèrement désolé. Il avait oublié que tout le monde n’était pas comme lui et qu’à cette heure ci la plupart des gens préférait dormir.
Il s’inclina légèrement pour s’excuser et entra, retirant ses chaussures à l’entrée. C’était toujours un plaisir de le voir même si c’était douloureux.

« Pardon. La prochaine fois je viendrai plus tard. J’ai pas fait attention… »

Il n’avait pas envie que Jaden soit de mauvaise humeur à cause de lui. C’est en se mordillant la lèvre qu’il prit place sur le canapé et une petite lueur illumina son regard lorsqu’il aperçut la petite bouteille de lait. C’était un peu sa drogue, il pouvait en boire des tonnes chaque jour, mais il n’avait pas non plus les moyens de toujours s’en acheter.
Il grimaça en voyant le coca-cola. Ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux au réveil, mais il ne dit rien pour ne pas le contrarier. Il planta sa petite paille et vida le pot en moins de dix secondes.

« Je sais… mais je préfère sonner. On sait jamais. »

Jae soupira, légèrement déçu en le voyant habillé. Cette pensée le fit rougir à nouveau. Ce n’était pas bien de penser à ce genre de chose, mais à son âge, ses hormones le travaillaient un peu. Il se sentait toujours honteux quand il se rappelait qu’il n’avait jamais encore embrassé quelqu’un.
Il hocha la tête, frissonnant légèrement en sentait l’air frais pénétrer dans le salon.

« Ma mère, je pense qu’elle est vraiment fatiguée, mais elle ne le dit jamais… Sinon, moi ça va. Et toi, comment tu vas ? »

En vérité, non ça n’allait pas, mais le plus jeune n’était pas du genre à se plaindre et gardait ses problèmes pour lui la plupart du temps. Ses sentiments envers lui, le fait de se faire embêter à l’école, de ne pas pouvoir venir en aide à sa mère. Toutes ses petites choses lui brisait le cœur, mais il se disait que ce n’était rien comparé à ce que d’autres pouvaient vivre.

« Reste pas trop près de la fenêtre, tu vas tomber malade sinon. »

Il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui. Jaewon était au courant de son histoire, de tout ce qui avait pu lui arriver et à présent, il tentait de faire de son mieux pour le soutenir, veiller sur lui et l’aider souffrir un peu moi. Certaines fois, il se sentait complètement inutile, une situation qui le rendait complètement fou.
Il releva immédiatement la tête à l’entente de ses mots assez surprenants. Des paroles qu’il n’avait réellement pas l’habitude d’entendre. Bien sûr qu’il savait que Jaden tenait à lui, mais de temps en temps, il avait l’impression que son attachement n’était qu’à sens unique.
Il se racla la gorge et lui offrit un petit sourire. Touché en plein cœur Jae. Les battements de son cœur s’accélérèrent d’un seul coup quand il sentit la chaleur de son corps. Si proche l’un de l’autre… Il adorait cette proximité, pouvoir respirer son odeur, profiter de ses bras, de sa présence qui le rassurait. Cette étreinte le surprit encore plus. Le rouquin se sentit trembler et fit de son mieux pour se calmer, il ne devait pas lui laisser sentir qu’être dans ses bras lui faisait un tel effet. Il en profita pour rester contre lui le plus longtemps possible.

« T…toi aussi tu m’as manqué. En même temps tu me manque dès que je te vois pas. Tu sais très bien que je te laisserai jamais tomber… Est-ce que je l’ai déjà fait ? Non. Tu sais très bien que tu peux compter sur moi-même si je ne peux pas forcément faire grand-chose, je serai toujours près de toi. »

Tu représente tout ce que j’ai et je t’aime comme un fou alors jamais je ne pourrais m’éloigner. Des mots qu’il avait envie de prononcer, mais il n’était pas assez courageux. Peut être qu’il ne le serait jamais pour avouer ses sentiments qui le rongeaient petit à petit. Il passa ses bras autour de son corps, caressant son dos de ses doigts fins.

« Il s’est passé quelque chose pour que tu sois comme ça ? »

Aussi vulnérable. Ce n’était pas son genre de se montrer aussi faible, même face à lui. A contrecœur, il finit par le lâcher pour s’éloigner légèrement et pouvoir le regarder. Il tendit le bras pour glisser une main dans ses cheveux, puis caressa sa joue du bout des doigts. Il l’aimait tellement que c’en était effrayant, il ne se doutait pas une seule seconde que son ami était au courant.

« T’as prévu quelque chose aujourd’hui ? Sinon on pourrait passer la journée ensemble ? T’en pense quoi ? Sortir un peu, ou rester tranquille ici ? »

Il n’y avait rien de mieux que de passer un peu de temps avec lui. Jae lui pinça doucement les joues en riant. Il ne supportait pas de le voir aussi triste.

« T’es plus beau quand tu souris. »

Il tira la langue et se pencha pour déposer un rapide baiser sur sa joue.

Ce garçon avait quelque chose en plus, ça Jaden le savait, mais quoi ? Cela relevait de l’exploit pour lui de l’expliquer. C’était comme ça, c’est tout, il n’y avait pas à chercher midi à quatorze heures. Il tira une petite tête un peu agacée, sans réellement l’être pour autant . « Jaewon. C’est pas le problème… C’est juste que si tu viens, tu te faxe ici sans sonner et t’as même le droit de me regarder dormir. Je dors pas beaucoup, tu le sais bien, ne ~ ? Alors quand je dors, faut pas faire de bruits ou me réveiller parce qu’après, j’peux plus me rendormir… » Il se grattait alors l’arrière de la tête, baillait un instant et souriait avant de lui ébouriffer doucement les cheveux puis de les remettre en place. « Eh, mais tu t’es fais beau ou je rêve ? » dit-il alors en riant et en touchant le bout de son nez. On aurait dit un vieux couple, ou peut-être un père et son fils, ça dépend vraiment de la façon dont on voit les choses mais, il est vrai que Jaden n’a jamais put se résoudre à le repousser. Alors que d’habitude il avait un véritable méchant réveil et qu’il était vraiment grincheux comme un papa ours affamé – notez mon excellente comparaison.

Il s’installèrent donc un instant dans le salon et il lui donnait sa petit boisson préférée. Il n’avait jamais vu quelqu’un boire quelque chose aussi vite, mais à chaque fois ça le faisait sourire et ça lui donnait l’impression d’avoir rendu sa petite tête rousse favorite bien heureuse. Même pour une toute petite minute. Puis il se rendit à la fenêtre, le voyant bien à son visage qu’il lui mentait un peu. C’était pas bien méchant, mais Jaden n’appréciait pas énormément cela même si il savait consciencieusement que ce n’était pas toujours facile pour tout le monde : il en est la preuve par lui-même. « Si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas à me demander.. Même si c’est de l’argent, je ne dit pas ça par pitié, mais si ça peut vous aider… Surtout ta maman… » dit-il en reportant son visage vers l’horizon en refermant un peu la fenêtre. « …J’aimerais te voir passer une journée avec elle, même si ce n’est pas grand-chose… T’aimerais bien, hein ? Avoir ta maman rien que pour une journée… Profiter d’elle et de la chaleur de ses bras… » soufflait-il en fixant l’horizon lucidement, avec mélancolie.

Il s’approcha ensuite de lui et l’enlaça. Il en avait besoin. Un peu plus que les autres, parce que oui, je ne dit pas qu’il est le plus à plaindre mais il n’a pas eut une vie toujours très facile, il se bat chaque jours pour tenter d’oublier les blessures… Physiquement tout comme mentalement, il ne pourra jamais se défaire de ses nombreuses cicatrices, qu’il le veuille ou non, il devra faire et vivre avec ça. Qu’il se considère comme un fardeau, comme une inutilité, ce n’était pas grave, il pensait avoir un peu plus d’importance aux yeux du petit rouquin et il faisait son possible pour ne pas le décevoir et être toujours à la hauteur de ses sentiments, sentiments que le jeune coréen avait surement commencé à éprouver durant leurs enfance. Il souriait, il avait toujours eut les mots pour l’apaiser, le soulager, l’encourager, le soutenir et, malheureusement pour se trahir dans ses sentiments. Il savait bien qu’il avait envie de poursuivre et sur ce fait, il resserra un peu son étreinte et déposa un baiser sur sa joue puis un second sur le front. « Ça va bien mieux maintenant. Tu trouve toujours les mots magiques pour que j’aille mieux. En plus mon cœur fait toujours un petit bond de surprise. Et j’aime beaucoup ça. » dit-il sérieusement en caressant ses cheveux. Il le laissait alors faire. C’est vrai que Jaden n’était pas vraiment tactile, alors parce que c’était lui, il le laissait toujours faire.

Il sourit un peu face à son pincement de joue. C’est vrai que tout les deux ils avaient toujours eut cette façon de se charrier, de se toucher avec innocence et … Un peu comme des frères, en fait ? Pourtant, ils ne se sont jamais considérés comme tels quels et pourtant, une personne extérieure ne pourrait pas en penser autrement. Il toucha encore une fois son petit nez avant de lui fermer les yeux avec la paume de sa main. « Il est un peu tôt pour sortir, mais cette après-midi si tu veux. Ah, je vais aller voir le courrier, tu veux bien aller me chercher un gilet dans la chambre ? » disait-il en se frottant un peu le haut de ses bras en refermant la fenêtre. « Je reviens, tu connais la route non ? Ah, prend celui qui te plait le plus, j’en ai des nouveaux. » souriait-il alors en prenant les clefs du loft en se décidant ensuite à sortir. Il se retournait alors un instant, la porte ouverte et les chaussures enfilées vers le corps frêle et du petit rouquin qui se dirigeait alors vers le fond de la pièce rectangulaire pour aller dans la chambre. « Ah, et sache que je suis beau tout le temps. Même quand je pleure. » dit-il sur le ton de la plaisanterie avant de disparaître un moment. Qu’avait-il comme courrier aujourd’hui ? Encore des publicités et une facture surement, c’était la période ces derniers temps. Il ne mit pas trop longtemps à remonter, faisant un signe au petit garçon du voisin du dessous à qui il avait souvent prêté son ballon de foot. Jaden, un amateur de football ? Non, c’est juste que des fois, ça changeait vraiment les idées au jeune américano-coréen.

Il était revenu assez rapidement, posant doucement les clefs sur les publicités sur le meuble de l’entrée, déchaussant de nouveau ses chaussures qu’il avait alors enfilées il y a quelques petites minutes. Il jeta un coup d’œil à la salle à manger, au salon et à la cuisine, pas de Jaewon. Il haussa alors les épaules, il devait être indécis sur le chandail qu’il devait lui choisir, comme à ses habitudes. En effet, le petit coréen était toujours très soucieux pour le plus vieux et il en valait d’ailleurs de même pour celui-ci. Il se faufila alors vers la chambre, d’un pas normal, tout ça avant de se stopper net devant une image. Le petit roux était de dos à la porte et il n’avait pas l’air de l’avoir entendu. Il tenait ses deux peluches dans les bras et, apparemment il lisait quelque chose. Il devait pleurer, ou il était sous le choc, il allait entrer pour lui demander ce qu’il lisait quand il se tapa un droite gauche – celui ou celle qui pense à gad elmaleh dans un restaurant, je le frappe – du lit et du tiroir, ouvert depuis la veille. Il avait complètement oublié de la recacher au fond de son tiroir de bois. Puis son regard revint se poser sur le dos de son petit Jaewon. Il percuta alors, il lisait la fameuse lettre de sa mère. Il n’en était pas au courant.

Sur une impulsion, le plus âgé s’approcha rapidement, il retourna le plus jeune en l’agrippant par son épaule, assez fermement et il attrapa ses peluches et cette lettre avec froideur, comme jamais il ne l’avait été, le chandail qu’il tenait dans l’autre bras tombant alors au sol. « J’en ai marre que tu fouilles dans mon passé ! Il est pas assez douloureux comme ça, il faut que t’y fourre ton nez ? Si encore t’avais eut le courage de m’avouer tes sentiments, j’aurais compris ! » dit-il véritablement froidement. Ce n’était pas son genre, il rangea la lettre au fond du tiroir et le referma durement, d’un revers de main plutôt violent, faisant claquer le bois, lui lançant un regard comme furieux. Ce n’était pas qu’il l’avait mal pris. C’est qu’il ne voulait pas qu’il sache pour tout ça, il en savait déjà trop…

Mais à peine avait-il posé les peluches sur le lit qu’il avait déjà des remords, il se retourna et le fixa encore froidement un moment, levant la main comme si il allait le frapper, pas pour une histoire de lui faire peur ou de le menacer, mais plus pour qu’il ne s’attende pas à ce qui allait suivre. Profitant de son moment d’inattention, le plus vieux se baissa à sa hauteur, attrapa son visage entre ses deux mains et doucement, posa ses lèvres sur les siennes, longuement. Pour le plus grand, ce n’était pas un baiser qui voulait signifier qu’il l’aimait comme lui, ou du moins si c’était le cas, c’était toujours dans le sens de l’inconnu, il ne savait pas, il ne savait pas non plus aimer ou comment le savoir, comment le montrer. Tout ça, ça n’avait jamais été son truc, donc si c’était le cas, c’était encore un sale coup de l’inconscience. Il rompit le baiser après de longues minutes, se redressant comme si de rien était pour refaire son lit… Il appréhendait un peu la réaction du plus jeune.

« … Pardon. J’me suis emporté. » soufflait-il en se redressant sans le regarder. « J’me suis emporté et… Je voulais pas que tu sache pour cette lettre…Ca te rend déjà triste de savoir tout ce que tu sais. » Il finit par soupirer encore une fois en se tournant vers lui. « … Je sais aussi pour tout tes sentiments… Et pardonnes-moi de ne pas te l’avoir dit avant, mais je voulais que tu sois fort et que tu me l’avoue. De toute façon, tu ne pourrais pas m’écœurer, si c’est ça que tu penses. » … et là, il se mordit la lèvre. Il venait de se trahir, inconsciemment. Il avait en fait lu un jour par hasard le petit journal de Jaewon et c’était là qu’il avait vraiment prit conscience de ses sentiments. Il s’en doutait déjà avant, mais là, tout était confirmé… Si le plus jeune s’en rendait compte, il était vraiment mal… Il fit mine de rien et posa sa main sur sa tête. « Je t’aime beaucoup. Et tu m’es très précieux… » Il s'accroupit alors devant le lit, posant sa tête contre le matelas en se tenant la tête dans les mains ; perdu, complètement perdu.